69e session de la Commission de la condition de la femme (CSW69)

10 mars – 21 mars 2025, Siège des Nations Unies, New-York

Cette session a marqué une étape importante, car elle a coïncidé avec le 30e anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing (Beijing + 30).

Ce rassemblement annuel, le plus important des Nations Unies sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, s’est concentré sur l’examen des progrès et des défis dans la mise en œuvre de la Déclaration de Beijing, adoptée en 1995 lors de la Quatrième Conférence mondiale sur les femmes, qui demeure un cadre fondamental pour la promotion des droits des femmes à l’échelle mondiale.

Cette session a réuni des représentants des États membres de l’ONU, des organisations de la société civile, des experts et des militants afin d’évaluer l’état de l’égalité des sexes et de convenir de mesures pour accélérer les progrès. Les discussions clés ont mis en lumière les avancées et les écarts persistants.

Depuis 1995, les femmes ont obtenu le droit de voter, de travailler et de diriger dans de nombreux endroits, les filles sont plus nombreuses que jamais à l’école et la violence domestique est de plus en plus criminalisée. Cependant, les défis demeurent considérables : la parité entre les sexes dans la représentation parlementaire est encore loin d’être atteinte ; les écarts de participation au marché du travail persistent, la violence à l’égard des femmes persiste (y compris sous ses formes numériques émergentes) et les femmes et les filles souffrent de manière disproportionnée des crises climatiques et des conflits.

L’un des principaux résultats de la CSW69 a été l’adoption par consensus par les 193 États membres d’une déclaration politique, le 10 mars 2025, lors de la séance d’ouverture. Cette déclaration reconnaît la lenteur et l’inégalité des progrès réalisés au cours des trois dernières décennies et souligne la nécessité d’accélérer l’action sur plusieurs fronts. Elle souligne l’importance d’impliquer les hommes et les garçons en tant que partenaires stratégiques pour parvenir à l’égalité des sexes. Les actions proposées comprennent la promotion de l’accès des femmes au crédit et à l’entrepreneuriat, la réduction des soins et du travail domestique non rémunérés, la réduction de la fracture numérique entre les sexes, l’accès à une éducation de qualité et la prévention des violences faites aux femmes et aux filles. La déclaration encourage notamment les pays à envisager la candidature de femmes au poste de Secrétaire général des Nations Unies lors des prochaines élections. Elle a positionné 2025 comme une année charnière pour tenir les promesses faites à Pékin, appelant à une action collective face à la montée de la contestation mondiale des droits des femmes.

Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a pris la parole lors de la séance, exprimant son inquiétude face à la résurgence des attitudes patriarcales et au recul des droits des femmes à l’échelle mondiale. Il a mis en lumière des problématiques telles que les atteintes aux droits reproductifs, les inégalités économiques et les violences sexistes, appelant à redoubler d’efforts pour relever ces défis.

Par ailleurs, la CSW69 a adopté un programme de travail pluriannuel pour orienter les sessions futures, en veillant à ce que l’accent soit mis en permanence sur les priorités en matière d’égalité des sexes.

La session a réuni plus de 14 000 participants, 211 intervenants lors du débat général et de nombreux événements parallèles, notamment des tables rondes ministérielles et des dialogues interactifs sur des sujets tels que le leadership des femmes, l’inclusion numérique et la résilience climatique. Un point fort notable a été la reconnaissance explicite des adolescentes dans la Déclaration politique, une victoire saluée par les groupes de défense des droits, qui ont toutefois souligné la nécessité d’une vigilance constante face aux mouvements anti-droits.

En résumé, la CSW69 a renforcé l’engagement mondial en faveur de la Déclaration de Pékin, produit une Déclaration politique prospective et défini un programme d’action pour l’avenir, tout en reconnaissant que la réalisation de la pleine égalité des sexes demeure une tâche urgente et inachevée, exigeant des efforts et une responsabilisation accrus.

Martine Gayon    UN Representative, New-York